dimanche 28 novembre 2010

R CON A.- Le Frère-de-la-Côte, Joseph Conrad, éd. Gallimard, éd. originale 1923, 2005

Note : Grrrrrrrrr

L'histoire
Jean Peyrol un vieux pirate revient dans le pays de son enfance sur la presqu'île de Giens pour vivre tranquillement ses derniers jours et y dépenser son pécule durement gagné. Mais il va faire la rencontre de deux étranges femmes, une vieille à la stature impressionnante nommée Catherine et une belle et étrange jeune femme, Arlette, passant pour folle. Il va s'établir avec elles dans une ancienne ferme où réside le citoyen Scevola, ancien "buveur de sang" révolutionnaire, qui avait largement trempé dans le plus horrible des massacres lors duquel il avait ramené Arlette plus morte intellectuellement que vive. Un autre personnage ayant perdu son chien va lui être adjoint, le nommé Michel, bon coeur sans famille ni raison de vivre qui se dévouera corps et âme au service de Peyrol comme le plus fidèle des chiens jusqu'au bout de tout. 

Mon avis
Un des plus beaux livres que j'ai lu cette année ! Le sort veut que je commence à lire du Conrad en commençant par le dernier qu'il ait écrit. Le titre français ne me disait rien et la couverture me rebutait un peu  même si j'aime beaucoup ce tableau de  Eugène Le Poittevin. Et puis j'ai vu que le titre original était The Rover, même si le sens est proche il me parle plus que la traduction, je me suis donc lancée et je n'ai pas regretté. Les personnages sont à la fois simple dans leur vie et d'une complexité absolue. Tous abattus par une vie qui les a moralement et intellectuellement traqués et lapidés, ils sont tous bloqués dans une temporalité qui leur est propre jusqu'à l'arrivée de ce bougre de Peyrol qui illumine leur vie de sa chevelure blanche et qui ranime leur humanité. Ce dernier brisé par des années de lutte en mer aspire à la retraite mais il est rattrapé par cette envie de vivre malgré tout en dépit  de la prudence et pour l'humain.  Tous les personnages ont un côté sombre et pratiquement tous les personnages ont tué ou ont une faute morale qui pèse sur leur carcasse mais avec l'arrivée de Peyrol leur humanité reprend le dessus dans ses bons et ses mauvais aspects et armé de cette flamme ils luttent contre le sort et pour vivre jusqu'à la moëlle ce qui leur reste de croyance (amour, humanité, courage, amitié, soif de mort, foi...). Un conseil toutefois si vous décidez de lire ce roman dans l'édition Gallimard, ne lisez pas les notes de bas de page de Jean-Aubry et de Sylvère Monod qui ne sont pas très intéressantes et enlèvent de l'exotisme du champs lexical maritime. 
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