L'histoire
Monsieur Shimura habitant de Nagasaki découvre que quelqu'un vient chaparder chez lui des aliments. Sa surprise est totale lorsqu'on lui apprend qu'une femme vivait depuis des mois dans son placard.
Mon avis
Dérangeant, étrange et magnifique. Le mal être dans son pays, dans la ville, dans sa maison et en soi. Cela m'a fortement rappelé Emma Bovary car tout part d'un fait divers lu dans un article et s'ensuit un récit dont le narrateur n'est autre au début que Shimura. Un récit bref, net et concis, où l'homme fait part de son désappointement et de ses craintes. Sa peur nous amuse, tout parait léger et ne prêtant pas à conséquence pourtant lorsque l'ombre de l'intruse flotte devant la caméra espionne, quelque chose se cristallise et nous fait basculer dans la profondeur. Le second narrateur ne tarde pas à apparaître donnant sa vision des choses. Les deux points de vue sont scindés par le compte-rendu du rapport de police. Shimura d'être renfermé et solitaire devient celui dont on parle et à qui l'on parle, pas certain que ce dernier apprécie d'avantage la situation. Cette femme est proche de nous elle passe d'un personnage fantomatique et potentiel à notre égale. Tout comme la perméabilité des choses, des vies et des maisons les personnages changent de statuts et passe du lointain au proche, de l'irréel au plus que réel. Toutes nos perceptions implosent pour nous questionner sur le monde dans lequel nous vivons. Le récit est sur une ligne où l'équilibre est le maître mais soudain tout bascule et au lieu de voir la ligne continue s'étirer devant nous nous voyons le vide sous nos pieds, le vide de l'existence de Shimura révélé par cette femme. Pourquoi le Japon et pourquoi Nagasaki ? C'est là que tout explose et l'auteur révèle entre ses lignes la clé de ce mystère. Pour la première fois je suis entièrement d'accord avec le choix de l'Académie...bon sang je me ramollie... En tout cas c'est un petit bijou de précision littéraire et de style exquis à lire et à relire.
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