mercredi 27 avril 2011

DVD DRA A.- Dracula, Francis Ford Coppola, 1992

Note : Grrrrrr
L'histoire
Un mystérieux comte Transylvanien souhaite venir s'installer en Angleterre. Il fait venir auprès de lui le jeune Harker prêt de se marier pour lui faciliter les démarches. Mais bientôt le comte montre une attirance toute particulière pour l'épouse de Jonathan Harker. Une passion dévorante. 

Mon avis
Première chose : je suis une fan inconditionnelle de l'oeuvre de Stoker. Deuxième chose : j'adore Coppola Problème : Est-ce que Coppola est fidèle au roman de Stoker ? Réponse : oui et non. Oui dans le sens où on voit bien que Coppola travaille vraiment sur  l'histoire même du romancier mais vient se greffer à tout cela le clash générationnel qui fait que Stoker était un romancier de son époque et que Coppola est un réalisateur de la sienne. Je m'explique, dans le roman de Stoker pas la peine de montrer un quelconque érotisme puisque d'une part il serait montré du doigt par toute la population de son époque et aussi parce que c'est l'absence d'érotisme qui créé une véritable fièvre dans cette lecture, attente récompensée par le sang substantifique arraché à l'innocent ; provoquant par là-même et enfin une catharsis du  lecteur. Comme le dit Stoker, le sang c'est la vie, mais la vie c'est quoi ? C'est l'amour et l'amour c'est quoi ? vous y voilà, vous comprenez vite. Le problème majeur c'est que Coppola humanise notre cher comte... pourquoi ? Dans le roman le choix même du style par introduction d'extraits de carnets intimes ou de correspondance et l'absence d'écrits de Dracula en font un être qui n'appartient plus à l'humanité. Voici un fondement du livre transgressé par une représentation idéalisée de Dracula amoureux, romantique, triste et j'en passe. Dans cette exacerbation des sentiments du comte, Coppola va jusqu'à le faire supplier qu'on lui offre la mort pour solde de tout compte et pas par n'importe qui par Mina elle même devenue une sorte de groupie de Dracula. 

Je suis passionnée de littérature populaire, qui est pour moi une catégorie qui ne peut exister que par le dialogue qu'elle noue avec tous les autres arts. Un roman acquière son caractère populaire lorsqu'il se voit devenir l'objet d'un film, d'une pièce, d'une toile, d'une sculpture... Il acquière ainsi une dimension de volonté d'appropriation de la part tout d'abord, d'un lecteur, d'un artiste qui se fait lui même sa propre idée du héros pour pouvoir le rendre encore plus grand. Or, lors de ma première lecture de l'oeuvre de Stoker, je n'ai vu que style, intelligence dans le placement des personnages, symbolisme, finesse. J'ai du passer par des films et d'autres livres dont le héros était Dracula pour voir enfin son aspect populaire. Très honnêtement, j'aime beaucoup le comte de Stoker parce qu'il est glamour grâce au magistral Gary Oldman, mais en grattant le vernis je m'aperçois que pour le style il est plutôt classique, que pour l'intelligence Coppola a loupé quelques petites choses en ne laissant pas assez de place pour la suggestion faite au spectateur plutôt que de lui donner du pré-mâché auquel il s'attend ; de plus, à cause de cela, certaines scènes tombent à plat, la scène où enfin Mina se donne à Dracula n'est jamais citée dans les plus beaux moments du film alors qu'il aurait du être le point d'orgue, tout cela à cause de la trop grande surenchère de violence données à voir avant. Imaginons cinq minutes être dans la peau de Coppola, si vous aviez voulu que votre film monte en tension crescendo, émeuve au possible le spectateur lorsque Mina dit enfin qu'elle reconnait son doux prince et qu'elle décide de se laisser saigner afin de vivre éternellement avec lui n'auriez vous pas laissé la tension monté un peu au lieu de tout donner dans la première demie heure ? Du coup la poursuite finale n'est pas terrible, on ne sent pas le danger. 
Ne venez pas croire que je crache dans la soupe, ce film a longtemps été mon préféré, mais le visionnage que j'en ai fait hier  m'a laissé un peu froide. J'ai réellement admiré les costumes, le montage qui était pas mal malgré quelques scènes que j'aurais coupé et le pompon sur le gateau étant les incroyables changements de Gary Oldman, sans compter le casting de folie extrêmement crédible avec la magnifique Winona Ryder (j'émet un doute tout de même sur Keanu Reeves qui m'énerve tellement par son inertie dans le film que je me serais fais un plaisir d'envoyer dans le même asile que la bête pensante du comte jouer le rôle du chaton). Le choix de certains effets spéciaux comme le champs de bataille suggéré par des ombres chinoises, les jeux d'ombre en décalé, tout cela est fort bien pensé et la marque d'un gigantesque réalisateur qui a ce culot là, de faire beaucoup avec peu. Question : Est-ce que le Dracula de Coppola est un bon film ? Réponse : oui excellent. Question : Est-ce que ce Dracula est le meilleur hommage à rendre à l'oeuvre de Stoker ? Réponse : non mais c'est cela aussi la beauté du jeu de littérature populaire, rien ne dépasse jamais le maître. 
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