Note : Grrrr
L'histoire
"Il a fallu que Fabrice Colin meure pour que je m'intéresse un peu à ce qu'il écrivait". Compilation de nouvelles de Fabrice Colin entremêlées de témoignages d'auteurs sur cet écrivain trop mortel.
Mon avis (attention ne lisez pas ce qui va suivre si vous avez le recueil de Colin dans votre pile à lire.)
Ce livre est tout d'abord une expérience. Bouclant mes bagages pour les vacances j'ai pris trois livres dont celui-ci. Le premier que je tire de ma valise est le Fabrice Colin, je m'installe dans l'herbe près de la Sorgue, tête nue, et la nuque baignant dans le frais cresson bleu (en fait c'était du trèfle) étendue dans l'herbe sous la nue, pale dans mon lit vert etc... telle un bon dormeur du val vivant. Voilà en somme l'image romantique du moment, brisée en un instant par une bordée de jurons à faire rougir les plus vieux des loups de mer. Je venais de lire le préambule suivant : "Il a fallu que Fabrice Colin meure pour que je m'intéresse un peu à ce qu'il écrivait". Mort ? Fabrice Colin ?
Or donc je subis un deuil instantané d' une minute et trente deux secondes. Si je vous assure, c'est assez long en fait. Je me dis que : "Mince c'est triste, p... il était pas beaucoup plus vieux que moi, mais qu'est ce qu'il a foutu pour mourir à cet âge ?" et je fais soudain le rapport avec la couverture qui ne m'avait déjà pas plu plus que cela au début et qui se révélait franchement glauque durant cette minute trente de deuil. Et puis il y avait Claro qui commençait un éloge funèbre bécassement "que si on l'avait écrit pour moi je me serais relevé de ma tombe pour aller casser quelques gueules" comme l'aurais dit le Capitaine Glouglou, ce qui n'est pas franchement dans le style de Claro.
Et puis... et puis j'ai soudain un doute, une minute et quinze secondes plus tard, je vais voir la date de première édition : Les Moutons électriques, 2008. 1 minute et 32 secondes. Mon deuil est fini je me marre et je pousse un soupir "Mon dieu que ces garçons sont bêtes". C'était évidemment un canular, un fake, Colin n'est pas mort et je pourrais continuer de le lire encore un moment. Pourquoi ? D'abord Les Moutons électriques, c'est bien leur style de faire des farces comme ça, et puis le plus évident la date 2008. Il me semblait bien avoir lu les aventures des soeurs Wilcox, la Brigade Chimérique et Big fan qui sont tous parus plus récemment.
Reprenant ma lecture au bord de la Sorgue, je rigole bien aux "oraisons" funèbres des auteurs invités à le faire. Xavier Mauméjean fait du Xavier Mauméjean et l'ombre de Ruaud plane sur tout ça. Bon. Qu'en est-il des textes ? Si les éditeurs ne se sont pas fait du beurre du le dos d'un mort comme il est dit quelque part à la fin du livre, ils s'en sont fait sur les textes en eux mêmes. Car je dois dire qu'ils ont du exhumer quelques oeuvres de jeunesse de Fabrice Colin, qui sont de qualité inégales et qui pour certaines auraient bien pu rester dans les cartons ou dans cette dimension parallèle où Fabrice Colin a, comme le dit Johnny, "Allumé le feu". Les éditeurs ont-ils joué aux chiffonniers tâchant de récupérer quelques nouvelles en lambeaux, de les raccommoder afin d'essayer de se vêtir sur la gloire du très demandé Fabrice Colin ? Je m'interroge. Toujours est-il que mis à part la très très belle nouvelle Arnarstapi, l'éponyme Comme des fantômes, Intérieur nuit et Passer la rivière sans toi, le reste n'est pas à la mesure de la plume qu'est devenue Fabrice Colin.
J'en déduis que tout ce microcosme d'éditeurs, d'écrivains du fantastique et de l'intéressé se sont fait un bon délire mais le lecteur lui, subit le syndrome tapisserie. Rappelez-vous quand enfants vous organisiez des fêtes et que toujours quelqu'un dans l'assistance restait le dos collé au mur, spectateur de l'amusement général mais n'étant pas invité à participer. J'ai dans ma PAL cinq livres de Colin et l'absolue certitude de me régaler, cet épisode Comme des Fantômes m'a donné à réfléchir sur l'évolution de son style, j'espère bien qu'il vivra centenaire et en bonne santé, il s'améliore avec le nombre des années, ce qui augure de grandes lectures à venir.
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